vendredi 6 décembre 2013

Marrakech : 5 lieux méconnus à découvrir

Feuilletez 3 ou 4 guides touristiques consacrés à Marrakech : tous vous recommandent les mêmes monuments, les mêmes restaurants. Vous n’avez peut-être pas envie de vous retrouver au milieu de la foule des touristes et, au retour de vacances, voir que ce que vous avez vu, les collègues de bureau l’ont déjà vu, et depuis des années. Au contraire, les vacances sont pour vous l’occasion de sortir des chemins battus et d’exprimer votre singularité.
Ceci est d’abord une question d’Etat d’esprit, de méthode, car pour découvrir le Maroc réel, il suffit peut-être de prendre le bus, s’asseoir sur un banc et parler à des inconnus. Mais voici, en plus, 5 lieux insolites et méconnus !
Boucheries de méchoui

Pour vous un méchoui est un mouton ou un agneau rôti à la broche. Au Maroc, il existe deux autres manières de cuire le mouton : à l’étouffée dans une grande marmite, ou dans des fours.
A quelques mètres de la Place Jemaâ el fna se trouvent une demi-douzaine d’échoppes très prisées des vrais marrakchis. Dans le sol de la boutique, un gros couvercle en terre révèle des fours étonnants : en sous sol se trouvent des cavités circulaires de 2m de diamètre. Le soir, on remplit les fours de bois et on coiffe le four d’un cône en tôle. Le bois se consume toute la nuit et, à l’aube, le cône est enlevé pour y descendre 5 ou 6 moutons entier, ligotés sur une broche. On referme le four et le couvercle est calfeutré avec de l’argile. La viande cuit doucement grâce à la chaleur accumulée dans les murs. Trois heures plus tard
, vers 11heures, les moutons ressortent ; la viande est parfumée, croustillante et dorée : appétissant ! Elle est vendue au poids pour emporter, garnir des sandwiches ou consommer dans les échoppes voisines. La meilleure chose à faire est donc de vous attabler.
La criée aux tapis
Voilà une vieille tradition qui aura disparu dans quelques années, car les tapis ne sont plus un signe extérieur de richesse… Tous les jours (sauf le vendredi) et après la prière de l’après midi, au souk des tapis, se réunissent les bazaristes du Souk des tapis. Des vendeurs à la criée viennent leur présenter tout à tour des tapis que les grossistes leur ont confié. Chacun tâte, vérifie la qualité et, éventuellement fait une offre. Le grossiste sera informé de la meilleure offre ; en dernier lieu, c’est lui qui décidera s’il accepte de vendre au prix proposé.

Le Souk Laghzal

 Tout près de la place des épices se trouve le Souk Larzhal, qui était autrefois un souk de laine. Maintenant c’est un souk tenu par des femmes ce qui est une bizarrerie car, à Marrakech, le commerce est essentiellement une activité d’hommes. Ces femmes vendent essentiellement de la frippe.
Dans la ruelle qui va au souq Larzhal, vous pourrez voir aussi les boutiques les plus étranges de toute la médina : des bouquets de plantes de plantes, des peaux, et des cadavres d’animaux séchés. Ce sont les apothicaires où viennent s’approvisionner tous ceux qui s’adonnent à la sorcellerie, et ceux qui doivent s’en soigner. Vous pourrez sourire, ou vous montrez sceptiques devant ces croyances d’un autre temps, mais tous ceux qui résident depuis longtemps à Marrakech auront des histoires extraordinaires à vous raconter sur les envoutements dont ils ont été témoins ou victimes. C’est toute l’expression de la méchanceté humaine qui s’exprime ici. Notre seul souhait : que vous n’ayez pas besoin, à votre tour, de fréquenter ces échoppes…
Le Souk des voyantes

Si vous doutez que la magie est une composante primordiale de laculture à Marrakech, allez près du Mausolée de Sidi Moulay El Ksour, dans le dédale de ruelles qui rejoint la place Jemaâ el fna à Bab Ksour. En fin d’après midi et le jeudi tout particulièrement, se réunissent ici des femmes qui se consacrent à la voyance, à la magie. Plusieurs rituels y sont pratiqués et l’exorcisme au plomb semble le plus apprécié. Il y a quelque chose d’étrange dans cette assemblée de femmes, avec ces petits feux, ses émanations de plomb… On y parle à voix basse et votre discrétion sera de mise. Ne sortez pas votre appareil photo, n’ayez pas le regard insistant, si vous ne voulez pas, à votre tour, attirer le mauvais œil…
Musée Tiskiwin

Ce petit musée un petit peu vieillot, mérite le détour, et votre persévérance ; vous devrez peut-être sonner avec insistante avant qu’on daigne vous ouvrir. Bert Flint un vieil hollandais qui réside au Maroc depuis près de 60 ans a réuni ici, des objets d’art populaire : des poteries, des tapis, des outils… Au-delà du charme de ces vieux accessoires, ce musée révèle un des enjeux culturel du Maroc. Le Maroc revendique haut et fort son héritage arabo-andalous au nom d’une idéal pan-arabique. Il néglige une autre composante essentielle de son patrimoine : ses racines berbères, le peuple qui réside ici depuis des milliers d’années et qui transcende toutes les frontières du Maghreb. Mais, à Marrakech, il est une réalité plus étonnante encore : la ville a été fondée par les Sanhadjis, un peuple des nomades venue de Mauritanie et qui voulait prendre le contrôle de la richesse de l’époque, à savoir la route de l’or, celle qu’empruntait les caravanes qui remontaient de la Guinée, de Tombouctou, vers la riche Andalousie, chargées d’or, d’épices et d’esclaves. Les Sanadjis ont donné aussi leur nom au… Sénégal. Autant dire que Marrakech prend ses vraies racines dans la culture d’Afrique. Ces racines là, au travers des motifs des tapis, des poteries ou du tatouage au henné, Bert Flint s’est efforcé de les mettre en évidence, mais on les devine aussi dans les traits métissés de marrakchis, l’art des palabres des bazaristes, ou par les halqas, ces cercles de conteurs et de musiciens de Jemaâ el fna…


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